Du samedi 17 au dim. 25 juillet
Exposition de peinture et sculpture
De 15 h à 19 h
Salle polyvalente

 

Samedi 17 juillet
Récital de piano et hautbois
À 20 h 45
Chapelle Saint-Joseph

 

Plus d'informations sur chaque festivité en cliquant ici

Les origines Retour


Les dunes de monsieur le marquis

Depuis toujours, une partie du territoire de Varaville s'est appelée le Homme (avec 2 M). C'était au Nord du Bourg une avancée vers la mer, une presqu'île (c'est le sens du mot) entre l'estuaire de la Dives et l'estuaire de l'Orne. Ce Homme là s'arrêtait à la ferme, au-delà des dunes. Ces dunes couvertes de plantes sauvages étaient le royaume des lapins qui n'en étaient pourtant pas propriétaires. Au XIXème siècle, les propriétaires étaient les marquis de St Pierre, également propriétaires de la ferme et de quelques terres moins sauvages sur Varaville. En 1848, le marquis Aldéric de St Pierre en avait hérité de feu le marquis Théodore, son père. Ce n'était pas la plus belle part de l' héritage. Que faire de cette garenne en dehors de quelques parties de chasse ? Le civet, c' est bon, mais il ne faut pas en abuser. Sous le Second Empire, les héritiers pensent que l'on peut tirer meilleur parti de la Côte Normande. Deauville a donné l'exemple. Plus près encore, en 1860, deux astucieux promoteurs ont fait main basse sur les dunes de Cabourg. Ils les ont rasées et ont dessiné les plans d'une ville en éventail dont toutes les rues convergent vers le grand Hôtel qui sort de terre en 1861. La mode toute récente des maillots de bain de mer bénéficie de la rapide expansion du réseau ferré qui met Paris à 5h30 de Deauville par la ligne Paris-Liseux-Deauville ou de Cabourg par la ligne Paris-Mézidon-Dives. Alors qu'il fallait plus de 24h en diligence... Monsieur Jacques Malhéné, directeur des Postes, connaît la région (natif de Cambremer) et pense que l'occasion est bonne pour proposer à Monsieur le Marquis Aldéric de le débarrasser de ses dunes sauvages. Ce dernier ne se fait pas prier et ne fait pas de détail. Il vend toutes ses dunes entre Cabourg et Merville en 1866.

Les fondateurs

Monsieur Malhéné ne fait pas non plus dans le détail : il vend son domaine en parcelles qui ne font pas moins de 6 hectares. Il s'en réserve une à l'ouest de la rue qui porte son nom. Comme toutes les autres parcelles, elle va de la route de Cabourg jusqu'à la plage. Il n'y bâtira sa maison qu'en 1871-1872. La construction n'est pas simple : il faut défricher, tracer une alléee carrossable dans ce maquis. De plus, la région ne fournit pas de matériaux de construction. Il bâtit sa maison en briques, avec une terrasse pour couverture, ce qui est original pour l'époque et sous le climat normand. Elle existe toujours au n°11 de la rue Malhéné. Quatre autres parcelles sont aménagées et construites à la même époque. Nous ne connaissons que les noms de deux des acheteurs : la famille Bracke Morel et la famille De Lutho Madame Jacques Malhéné était une demoiselle De Lutho). Toutes ces premières maisons du Hôme nouveau sont à l'ouest, dans la direction de Merville. En 1877, Monsieur Armand Le Clerc se porte acquéreur de terrains situés à l'est de la propriété personnelle de Monsieur Malhéné. Il agit au nom d'une société qu'il a fondée avec Monsieur Aimable ROUSSEL sous le titre "Société des terrains du Hôme". Monsieur Le Clerc, propriétaire à Rouen, ne songe pas seulement à bâtir une maison de vacances ; il souhaite construire un grand hôtel face à la mer. Cela sera fait pour la saison 1879. Il bâtit sa maison personnelle à l'est du vaste domaine du grand hôtel. Elle s'appelle aujourd'hui "la Savoyarde", mais ce n'est pas lui qui lui a donné ce nom. La rue qui y conduit à partir de Cabourg se nomme Adrien Lebeaux. Elle s'est appelée Rue Armand Le Clerc jusqu'au jour où elle a été débaptisée par crainte de confusion avec l'Avenue du Général Leclerc. Quatre ans après l' ouverture de son grand hôtel, Monsieur Leclerc, qui manifeste beaucoup d'optimisme pour l'avenir du Hôme, fait construire à ses frais sur son domaine la Chapelle St Joseph, en bordure de route.

Une croissance difficile

Les années qui suivent ne justifient pas le bel enthousiasme de Monsieur Armand Le Clerc. Le "bébé" Hôme a du mal à prendre du poids et de la taille, les acquéreurs ne se précipitant pas pour acheter d'un coup 6 ou 7 hectares de sable et de broussailles. En quarante ans, jusqu'à la Première Guerre Mondiale, il ne se bâtira pas plus d'une vingtaine de grandes demeures. Il est vrai qu'en dehors du grand calme, du grand air, du spectacle de la mer et des jeux sur le sable, le Hôme n'a pas grand chose à offrir à ses estivants. La seule attraction que les estivants du Hôme vont bientôt trouver sur place leur est fournie par Cabourg. Une station balnéaire se doit d'avoir un hippodrome. La Société des Courses de Cabourg trouve l'endroit idéal pour installer le sien dans les vastes prairies qui bordent la route de Cabourg. Elles vont de l'actuelle Avenue Général Leclerc à l'extrémité est du Golf. Mais ce n'est pas une installation permanente. Chaque année, il faut refaire la piste de plat (2 200 mètres) et la piste de steeple (9 obstacles) et remonter les tribunes amovibles. Tout cela pour une saison hippique qui dure deux jours ! Plus tard, sur le même terrain sera aménagé le Golf (toujours une société Cabourgeaise). Mais les amateurs de golf ne sont pas légion à l'époque. Le Golf va donc longtemps "vivoter". Il connaîtra plusieurs pannes d'activités. On peut penser que c'est découragé et peut-être endetté que Monsieur Armand Le Clerc se retire en 1892. Il vend le grand hôtel et sa maison du Hôme, ainsi que la chapelle à la paroisse qu'il avait promis de lui donner. Il lui reste des terrains invendus dont il paie des impôts sans en tirer de profits. Finalement, il laissera également sa maison de Rouen pour se retirer à Saint-Pierre-sur-Dives. Le grand hôtel est acheté en 1894 par un hôtelier de Saint Pierre Les Elbeuf, Monsieur William Pinau. Sans abandonner son ancien établissement, il fait du grand hôtel du Hôme une succursale saisonnière étant donné que, la saison achevée, le grand hôtel est fermé comme tout le reste : comme la chapelle dont portes et fenêtres sont barricadées par de grands panneaux en planches, comme les quelques boutiques saisonnières que Monsieur Malhéné a fait construire, comme les villas qui ne reverront leurs propriétaires que dix mois plus tard... Dans le désert du Hôme, il ne reste plus que quelques gardiens de villa. Le grand hôtel change de propriétaire en 1910 tout en restant dans la famille. Hilarion Pineau succède à William Pineau, mais pour peu de temps. Les bâtiments (pas de fond de commerce) sont achetés en 1914 par Monsieur Eugène Guillet de Paris pour les consacrer à d'autres fins.

Le préventorium

Ouvert en 1914, le grand hôtel aura vécu 35 ans et servi uniquement pendant 70 mois d'été. Il n'était sans doute pas rentable. Le nouveau propriétaire des lieux, Monsieur Eugène Guillet, un parisien, habitant 120 Rue de la Pompe, ne pourra jouir de son acquisition pour cause de guerre. L'armée réquisitionne cet hôtel vide, en bordure de mer, pour en faire une maison de convalescence pour les blessés de guerre. Ce n'est qu'en 1920 que Monsieur Guillet peut faire donation, à titre purement gratuit, de cette propriété à l'association de l'hôpital Saint Joseph de Paris. Encore faut-il que cette donation soit autorisée par le Président de la République. L'acte est signé devant notaire le 24 mars 1920, le décret d'autorisation paraissant le 19 novembre 1920. L'hôpital St Joseph est un hôpital privé fondé par la Société des Soeurs de St Vincent de Paul. A l' époque, la maladie la plus redoutée est la tuberculose. On s'efforce de la soigner, mais il vaut mieux prévenir que guérir. Pour les enfants qui ne sont pas encore gravement atteints et pour ceux qui sont menacés de contagion dans leur milieu se fondent des préventoriums. Là, ils trouvent un air vivifiant, une hygiène de vie surveillée, une bonne nourriture et de longues heures de repos. Le grand hôtel va devenir le Préventorium du Hôme, mais cela ne peut se faire sans quelques transformations. Le Préventorium ouvre ses portes en 1922. Monsieur Guillet avait offert le bâtiment, mais l'ancien propriétaire avait gardé une partie du terrain. L'association la lui rachète ainsi que plusieurs maisons en bordure de route dont l'actuel presbytère. De la route à la mer, entre la Rue Malhéné et la Rue Ferdinand Lebeau, c'est un vaste espace de dunes qui est mis à la disposition des petits pensionnaires (un espace que l'association s'empresse de planter de sapins). Ces petits pensionnaires viennent en grande partie de la région parisienne mais le "Prévent" accueille aussi des enfants de la région. En 1925, le Prévent se dote d'une chapelle que viendra bénir le vicaire général de Bayeux au milieu de tout l'état major de l'association de l'hôpital St Joseph et en présence de la donatrice de la Chapelle, Madame de Sarres. Sans le chercher, le "Prévent" sert à la promotion du Hôme, car les familles parisiennes viennent voir leurs enfants et découvrent la plage et la campagne. Quand le médecin de famille constate les bienfaits de la cure, il lui arrive de conseiller aux parents d'autres séjours à la mer pour les vacances. Puisqu'ils ont fait connaissance avec la mer au Hôme, certains choisissent d'y revenir. Il y en a même qui, grâce au "Prévent", ont acheté un bout de terrain et y ont bâti leur maison pour l'été.

Les Panoramas à vendre

Si la promotion du Hôme faite par le "Prévent" est involontaire et désintéressée, ce n'est pas le cas de celle entreprise par un promoteur parisien dans les années 1920-1930. Ce dernier mise sur l'extension rapide de Cabourg vers l'ouest. Entre l'Avenue des Devises et le Golf, il n'y a encore qu'une trentaine de maisons bâties. Pour attirer la clientèle, il édite un dépliant illustré. Bientôt, hôtels luxueux et cafés agréables apparaîtront et continueront cet admirable boulevard parisien qui, dans un avenir proche, joindra Trouville au Hôme. Au site, au climat, à la beauté de la nature, Le Hôme joint cet avantage d'être à une 1/2 heure de Caen et à 2 heures et demie de Paris. L'espace à vendre représente environ 7 hectares, soit la dimension d'un lot vendu par Monsieur Malhéné 50 ans plus tôt. Il est divisé en 100 parcelles de 415 m²à 1 500 m². Une autre clientèle est visée. Quel a été le succès de cette promotion ? Assez modeste apparemment dans l'immédiat, puisqu'après la Seconde Guerre Mondiale il restera encore de nombreuses parcelles à vendre.

Un vrai village

À l'autre extrémité du Hôme, on construit également, sans publicité tapageuse et pas seulement pour une clientèle estivale. Petit à petit, le Hôme s'étoffe et s'équipe pour vivre toute l'année et non plus les deux mois d'été uniquement. Certes, il a perdu vers 1924 le petit train à voie étroite qui permettait d'aller à Dives-Caen ou Ouistreham. Il a quand même conservé sa petite gare aujourd'hui transférée plus loin et devenue bureaux de l'Office de Tourisme et de La Poste. On trouve un "Grand Bazar", un boucher, un charcutier, trois épiceries, un dépôt de pain, une pâtisserie, deux hôtels-restaurants, un café et des artisans, maçons, menuisiers, peintres, couvreurs-plombiers. Depuis longtemps, la Chapelle St Joseph est devenue paroissiale. Le Hôme est devenu un vrai village auquel il ne manque qu'une école et une mairie. La mairie viendra beaucoup plus tard. La néécessité d'une école se fait sentir très tôt après la Première Guerre Mondiale. Pour installer la classe, il suffira dans un premier temps de la salle d'une villa de la Rue des Bains, inoccupée dix mois de l'année. Situation provisoire qui cesse en 1927. La municipalité, présidée par Monsieur Arthur Martine, offre aux écoliers du Hôme une belle et vaste classe, ainsi qu'une maison de fonction pour l'instituteur. L'école du Hôme comptera jusqu'à 30 élèves, le "Prévent" fournissant chaque année six ou sept élèves. L'ambition de la grande majorité des élèves et de leurs parents était d'obtenir le certificat d'études. Les plus doués le décroche à 11-12 ans mais certains n' y parviennent qu'à 14 ans. Tel était le Hôme au bout de 60 ans de croissance lente, mais continue. La guerre 39-45 va marquer une autre période de son histoire.